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    1] le climat en Moselle Alsace de 1500 à 1526


Le climat de 1500 à 1526 en Alsace-Moselle

Le premier quart du XVIe siècle

 

De 1500 à 1505 : période de mauvais temps caractérisée par un excédent pluviométrique, souvent par des hivers doux

L’année 1500 est encore une année de famine avec des récoltes largement insuffisantes ; la population souffre beaucoup de la pénurie ; il faut savoir que, d’un point de vue démographique, la région compte toujours moins d’habitants qu’avant la peste noire de 1349, soit 150 ans plus tard ! Tout ceci est dû en grande partie au mauvais temps qui a sévi une bonne partie de cette période. 1500 ne fait pas exception, on a connu un temps très pluvieux, il n’a pas cessé de pleuvoir à partir de novembre cette année pendant une durée de presque 1 an, phénomène encore plus prononcé en Lorraine. A cause du déficit des récoltes, les prix sont de nouveau en hausse jusqu’en 1503.

Si l’hiver 1501 est froid et bien enneigé, le reste de l’année est terriblement pluvieux, les récoltes pourrissent, la vie est de plus en plus chère avec des céréales et le vin qui atteignent des prix records ; à ceci s’ajoute une nouvelle épidémie de peste en Alsace.

En 1502, les moissons sont lamentables, la disette perdure, les prix continuent de grimper et de nouvelles rumeurs de révolte couvent au fond des campagnes frappée par la misère. Heureusement, 1503 est enfin une année chaude et plus favorable à l’agriculture, ce qui va ralentir considérablement la hausse des prix des céréales sans toutefois arriver à inverser le phénomène ; un bon point cependant pour les viticulteurs qui profitent de bonnes vendanges précoces.

L’hiver 1504 est doux avec très peu de neige et sans véritable coup de froid ; l’été qui suit est chaud et sec comme le reste de l’année avec de bons résultats agricoles ; les vendanges sont de nouveau précoces. L’hiver 1505 est plus doux encore, les rosiers sont en fleurs dans certains endroits dès le mois de janvier !

De 1506 à 1525 : des hivers (trop ) froids et des étés (trop) chauds se succèdent

La tendance précédente s’inverse dès l’année 1506 qui connaît un hiver très rude, de même pour  1507 où c’est le mois de janvier qui est très glacial. En 1508 l’été est si chaud que l’on finit par manquer d’eau dans certaines vallées vosgiennes et même, par endroit, en plaine d’Alsace ; les ruisseaux se tarissent et l’on est obligé d’entailler le barrage du lac du Ballon (Haut-Rhin) pour avoir de l’eau dans la vallée de Guebwiller.

De 1510 à 1560, la tendance aux printemps et aux étés en général chauds se renforce encore ; à noter également une nouvelle épidémie de rage qui provoque de nombreuses agressions de personnes par les loups rendus fous furieux par l’évolution de la maladie. En 1511 les vendanges sont curieusement très pauvres, probablement par manque d’eau, le prix du vin flambe, celui des céréales également et la grogne  des paysans prend de plus en plus d’ampleur comme c’est également le cas dans le sud de l’Allemagne ; c’est finalement en 1512 qu’éclate la 2e révolte paysanne d’Alsace qui part d’Altenstadt (près de Wissembourg) mais aussi de Schleithal et de Seebach ; les rebelles mal organisés sont sévèrement châtiés et le mouvement est écrasé dans l’œuf.

L’hiver 1513 est très froid avec les cours d’eau qui gèlent, l’hiver 1514 est du même acabit : il y a 12 semaines de gel cet hiver-là et le Rhin est pris par les glaces 11 jours de suite. La sècheresse prend le relai, surtout en Lorraine, où il n’y a ni pluie, ni rosée, du 12 février au 12 mai 1514. Les paysans subissent le froid intense puis la sècheresse, ils désespèrent ; ceux de Wangen se soulèvent contre les nobles qui possèdent la localité et s’en prennent à leur château qui est en partie endommagé par les forcenés.

Le 1er janvier 1515 c’est une tempête qui s’abat sur Strasbourg ; la neige tombe en fortes bourrasques et la foudre touche la cathédrale, ce qui est exceptionnel à cette saison.

Les hivers froids et les étés chauds se succèdent donc ; ainsi en 1516 où, d’avril à octobre, sévit la sècheresse ; la chaleur suffocante de cet été n’arrange rien, il y a peu d’eau dans nos rivières, encore moins en Lorraine qu’en Alsace ; les récoltes sont lamentables et les vendanges ne sont pas mieux loties ; les prix des céréales et du vin sont en forte hausse jusqu’en 1519.

L’hiver 1517 est froid et très neigeux, surtout après le 15 janvier ; le printemps et l’été sont trop chauds avec des moissons désastreuses ; mais cette fois-ci les vendages précoces sont très bonnes, mais avec une nouvelle surproduction de vin. Avec la chaleur, les orages sont fréquents ; l’un d’entre eux s’acharne sur la région de Mulhouse où la grêle détruit une bonne partie des récoltes.

L’hiver 1518 est froid mais c’est le mois de mars qui est exceptionnellement hivernal avec beaucoup de neige. La disette qui se prolonge et les épidémies aggravent la misère de la population, de nouvelles rumeurs de soulèvement paysans se font entendre : sont visés les spéculateurs, bourgeois, nobles et clercs, grands propriétaires de stocks de denrée de première nécessité, qui s’enrichissent d’une manière démesurée et éhontée  en ces temps difficiles où beaucoup ne songent qu’à pouvoir survivre. Ces rumeurs s’amplifient en 1519 et les années qui suivent n’améliorent  en rien le sort du monde paysan.

En 1521 le début du mois de janvier est très doux  puis, subitement, une vague de froid se déclenche le 15 janvier ; il fait si froid que les cours d’eau gèlent. Les conditions climatiques ne changent donc pas vraiment et, avec les débuts de la Réforme en Alsace, le monde des miséreux, poussé par des prédicateurs de plus en plus extrémistes, qui veulent renverser les fondements injustes de la société d’alors, espère avoir le soutien de ces hommes nouveaux qui prêchent la fraternité en Christ, ces adeptes du retour aux fondements de la Bible pour un monde plus juste. Les paysans qui sont dans l’attente de résultats concrets dans cette lutte encore interne à l’Eglise, ne restent pas les bras croisés et formulent des revendications concrètes, en vue d’obtenir une vie meilleure dans un monde plus juste, en s’inspirant de mouvements analogues nés dans le sud de l’Allemagne.

Le 25 décembre il fait déjà si froid qu’une cloche de la cathédrale de Strasbourg éclate, ce que certains analysent comme un présage.

En décembre 1522 c’est tout le contraire car il fait exceptionnellement doux pour la saison ; c’est le 15 janvier 1523 qu’un hiver rude entre par la grande porte : la ville de Strasbourg est obligée de légiférer contre la prolifération des mendiants venus quêter en surnombre la maigre pitance que les âmes charitables n’arrivent plus même à fournir ; la mendicité est devenue  une véritable plaie pour la cité devenue bien bourgeoise. En fin d’année, du 17 au 20 novembre, les fortes gelées reprennent en Moselle – Alsace, signe de l’arrivée d’un nouvel hiver rigoureux. Effectivement l’hiver 1524 est très froid avec quelques courts redoux comme celui de début janvier qui provoque de grandes inondations en Lorraine à Metz, Sierck et Thionville.

L’année 1525 est particulièrement chaude ; après un hiver doux, l’été devient très chaud mais l’évènement marquant de l’année c’est la Guerre des Paysans qui est un soulèvement populaire, le plus grand jamais vu à cette époque, provoqué par la misère grandissante des petites gens, qui concerne tout le sud de l’Allemagne ; en Alsace les autorités locales ne sont pas en mesure de maîtriser la révolte d’autant plus que des villes entières passent du côté des insurgés ; c’est finalement le duc de Lorraine en personne qui est appelé à la rescousse et ses mercenaires interviennent pour massacrer (et le terme n’est pas trop fort)  les rebelles qui n’ont finalement pas été soutenus par les chefs de la Réforme qui, eux, ne voulaient pas saper tous les fondements de la société d’alors comme les chefs paysans le souhaitaient. Seul bon résultat de cette année terrible où la mort a fauché tant de braves Alsaciens : les vendanges sont précoces et particulièrement bonnes !

En 1526 il y a encore beaucoup d’effervescence dans les campagnes, la chasse aux meneurs, prédicateurs et chefs paysans continue davantage dans le Haut-Rhin où le duc de Lorraine n’est pas intervenu, les exécutions sommaires se multiplient. Et de notoriété publique, la vie est devenue encore plus chère, on a du mal à cultiver les champs tant de paysans ont perdu la vie dans cet épisode peu glorieux de notre histoire, la pénurie reste d’actualité.

 


  par beck
 
    2] le climat de 1527 à 1562 en Moselle Alsace


Le climat de 1527 à 1562 en Alsace-Moselle

Le milieu du  XVIe siècle

 

de 1527 à 1533 : alternance d'années humides et d'années sèches

L'hiver 1527 est très froid, y compris au mois de mars où prédominent encore de fortes  gelées ; le reste de l'année est pluvieux avec, à la clef, de mauvaises récoltes et vendanges; de plus, la peste sévit encore localement dans la région comme à Riquewihr où l'on dénombre 600 décès dus au fléau.

1528 est également une de ces années froides et très pluvieuses qui provoquent de mauvaises récoltes, ce qui n'arrange en rien la pénurie alimentaire, et 1529 est exactement du même acabit ; l'état de quasi famine reste d'actualité.

Un changement de temps intervient en 1530 qui connaît un hiver doux : le 15 mars les cerisiers sont en fleurs en plaine. L'été est sec et chaud avec des vendanges précoces mais les récoltes, quant à elles, restent largement insuffisantes à cause du manque d'eau: une nouvelle disette frappe notre région. Cependant dès 1530 la hausse des prix devient plus modérée tout en continuant de progresser encore jusque vers 1560.

En 1531, retour à la case départ avec un printemps et un été frais ; les mauvaises récoltes et vendanges tardives lamentables ne font qu'aggraver le manque de subsistances tandis que la peste frappe encore durement certaines localités comme la ville de Munster dans le Val St Grégoire, ancien nom du Val de Munster.

En 1532 le yoyo climatique continue son jeu de balancier : l'été est sec et chaud, ce qui donne des vendanges précoces qui sont qualifiées de bonnes. En 1533, c'est de nouveau le contraire avec un printemps et un été frais : les vendanges sont tardives et médiocres. Le 20 février de cette année-là une grande tempête s'engouffre sur la région, notamment à Strasbourg où l'on déplore la destruction, par un  vent très violent, du clocheton de la plate-forme de la cathédrale ; celui-ci ne sera jamais reconstruit !

De1534 à 1541 : séries d'années avec en général de très bonnes vendanges mais toujours au rythme du yoyo climatique qui continue sur sa (ba)lancée !

L'été 1534 est très chaud et sec ; ceci favorise les viticulteurs qui font de très bonnes vendanges précoces. En 1535 l'hiver est rude puis le printemps et l'été se montrent de nouveau très frais, ce qui nuit aux cultures: les vendanges sont tardives.

En 1536 le printemps est très doux puis l'été devient  sec et chaud sans excès, ce qui assure de bonnes récoltes et des vendanges précoces de bonne qualité. Le yoyo climatique nous offre une année 1537 tristounette : cette année-ci, un orage s'abat sur Strasbourg le 24 février et la foudre frappe l'escalier et la cabine du guetteur de la cathédrale, mais plus de peur que de mal, même s'il y a des dégâts à réparer ! Le printemps et l'été 1537 sont frais et humides et les vendanges sont de nouveau tardives.

En 1538 c'est le retour du balancier avec un été sec et chaud et des vendanges précoces de bonne qualité; par contre, il fait un peu trop sec, notamment en plaine d'Alsace, et les campagnols se mettent à pulluler et à convoiter les trop faibles et précieuses récoltes et moissons. La ville de Bâle, terriblement touchée par la pénurie, est obligée d'acheter 1000 sacs de blés à la ville de Strasbourg ( qui a pu faire des stocks) pour nourrir sa population affamée.

En 1539 le balancier est reparti en sens inverse avec un hiver très doux, un printemps et un été frais sans bonnes récoltes et avec des vendanges tardives pas terribles du tout ! L'année 1540 est un peu plus compliquée : d'abord l'hiver est caractérisé par un mois de mars glacial avec un gel durable et avec beaucoup de neige au sol ; puis le temps se réchauffe vite : la chaleur prédomine dès le printemps et dure tout l'été; les moissons sont faites en juin, vers le 15 juin en Lorraine, puis la sècheresse s'installe; les vendanges qui commencent fin août sont très bonnes. La peste est encore présente en Alsace; de nouveaux cas se déclarent à Strasbourg où l'on prend des mesures d'éloignements comme, à titre d'exemple, le déplacement de la Haute Ecole (ancêtre de l'Université) transférée dans le Pays de Bade, moins touché.

En 1541, cette satanée peste, qui s'éternise à Strasbourg, frappe aussi Colmar où l'on compte 1560 décès : les Franciscains de la ville sont décimés. 1541 est marqué par un printemps et un été frais : on fait de mauvaises récoltes et les vendanges sont tardives.

1550 : une année-clef

C'est l'année communément retenue pour le début d'une nouvelle oscillation froide de notre climat : une nouvelle poussée glaciaire s'amorce dans le massif alpin et elle va s'étirer sur près de 3 siècles jusque vers 1850; ceci ne se fait pas d'une manière progressive et régulière, bien au contraire, des interstades plus chauds  ponctuent cette période d'une manière très irrégulière; preuve en est : la poussée des glaciers dure jusque vers 1600 puis il se produit un court répit. Sur notre région cela n'est pas du tout visible mais le yoyo climatique des 25 dernières années va progressivement pencher vers un refroidissement : là aussi, cela ne se produit pas d'une manière constante  mais par à-coups parfois brutaux.

De 1550 à 1562 : le mauvais temps provoque en général de mauvais vins

Grâce à un temps favorable les récoltes de 1550 sont bonnes, les prix des céréales se stabilisent et atteignent le niveau d'il y a 2 siècles plus tôt, vers 1350. Si, au cours de l'année 1552 la population souffre de la peste surtout en Basse-Alsace et toujours à Strasbourg où les autorité sont complètement démunis face au fléau, le temps est plutôt favorable aux cultures et l'année se termine même par un mois de décembre extrêmement doux. C'est que l'hiver attend le début de  l'année 1553 pou frapper fort : il fait si froid au siège de Metz  que des mercenaires de Charles Quint doivent être amputés de leurs membres gelés. En 1553 les moissons sont assez irrégulières et la ville de Strasbourg vend 16800 q de céréales à la ville de Cologne qui est affamée après des moissons désastreuses. Les prix augmentent de nouveau et dès 1555 des mesures pour limiter la hausse des prix, due aussi en partie à la spéculation, sont prises, notamment en Haute Alsace où le stockage de la viande est également interdit.

L'hiver 1556 est de nouveau rude et  les récoltes sont catastrophiques après un été trop chaud et trop sec; la famine  est de retour et l'épidémie de peste,  profitant de l'affaiblissement de la population mal nourrie, reprend de plus belle : c'est de cette terrible maladie que succombe l'historien et diplomate strasbourgeois Jean Sleidan. Dès le 4 décembre 1556 le froid est de retour et les cours d'eaux sont rapidement gelés. En 1557 l'archiduc d'Autriche durcit encore la lutte contre la hausse des prix en Haute Alsace mais lutte aussi contre les abus des déboisements qui finissent par provoquer de grands ravinements, dans les abords des massifs montagneux (Vosges et Jura alsacien), et des glissements de terrains.

L'hiver 1558 reste très froid ; comme la pénurie ne s'arrange pas, la hausse des prix continue et en 1560 elle finit par atteindre le taux de 200% des prix de 1475. En Basse-Alsace également sont prises des mesures contre la vie chère mais rien n'arrête le mécanisme diabolique qui va même s'accélérer jusque vers 1600 : en temps normal, le blé coûte 4 fois plus cher qu'il y a 40 ans ! Les autorités sont incapables d'enrayer le phénomène  attisé par les  conditions météorologiques en général défavorables. En effet, jusque vers 1600, les printemps et les étés vont être, dans l'ensemble,  beaucoup plus frais que les 30 années précédentes et ceci va malheureusement aggraver  la situation de manque de ressources alimentaires de la région.

Pour achever l'évocation de cette période, la foudre touche 3 fois de suite la cathédrale de Strasbourg le 10 juillet 1562 et de nouveau le 30 juillet de la même année, occasionnant des dégâts considérables.


  par beck
 
    3] le climat en Moselle Alsace de 1563 à 1600


Le climat de 1563 à 1600 en Alsace-Moselle

La fin du  XVIe siècle

 

de 1563 à 1580 : des séries d'hivers rigoureux

Si 1563 n'a pas défrayé la chronique, l'année 1564 est connu pour son hiver rude avec un mois de février fortement enneigé ; Strasbourg est un moment isolé par les congères qui empêchent toute circulation; à la fonte des neiges, la couche est si importante qu'il se produit des inondations un peu partout.

La peste continue ses ravages en Alsace avec 4300 décès enregistré à Strasbourg, 3000 dans la région de Haguenau, 600 à  Mulhouse, beaucoup d'autres à Colmar.... on commence alors une chasse aux sorcières  accusées d'être la cause de cette épidémie. Des procès de sorcellerie ont lieu également à Strasbourg; ne pouvant rien contre ce fléau diabolique, on pense qu'il est dû à des forces occultes démoniaques et l'on fait subir à de pauvres gens les pires sévices pour leur extorquer des aveux forcés..... bientôt on fera de même quand les conditions climatiques seront durablement mauvaises.

L'hiver 1565 est si froid que les cours se retrouvent gelés ; il dure jusqu'au 20 mars. En fin d'année, rebelote ! Une grande vague de froid débute en décembre. Janvier et février 1566 sont très froids avec des gelées intenses qui figent les eaux; la pénurie alimentaire s'installe et l'on doit se fournir chez les voisins suisses plusieurs fois de suite dans l'année pour pouvoir nourrir la population – avec les moyens de l'époque la Suisse, ce n'était pas la porte à côté pour les Strasbourgeois.

En 1567 c'est le contraste avec les années précédentes ! C'est une année chaude avec des vendanges précoces qui, de plus, sont très bonnes. La douceur règne également toute l'année 1568, excepté en décembre où le temps devient subitement glacial : les rivières sont de nouveau gelées. L'hiver 1569 est rude malgré une petite accalmie en janvier ; le froid intense reprend en février pour durer jusqu'au 23 mars. Le grain vient à manquer et le prix des céréales flambe pour une durée de 2 ans, surtout en Alsace.

En 1570, janvier et février sont très rudes et la disette s'aggrave : la ville de Strasbourg vend cependant du blé au Pays de Bade plus durement touché encore par la pénurie. Cette année connaît aussi des inondations : celle de la Thur endommage le nouvel hôtel de ville de Thann. Puis novembre 1570 voit déjà le retour du froid qui annonce un hiver 1571 long et froid; il fait intensément froid jusqu'à la fin février ..... mais le Rhin reste encore pris dans les glaces jusqu'au 10 mars. La famine fait des ravages et Strasbourg vient de nouveau au secours du bailli de l'Ortenau (sur la rive droite du Rhin) qui achète du blé en quantité pour subvenir aux besoins de la population sans ressources. Heureusement, le printemps est bien meilleur et l'été bien chaud, ce qui profite à l'agriculture : on stocke alors au maximum des possibilités pour anticiper une nouvelle disette; les artisans strasbourgeois protestent auprès des maraîchers de la ville plus enclins à stocker leurs produits que de les vendre sur les marchés de Strasbourg.

L'hiver 1572 est de nouveau rude, le printemps est chaud, mis à part une brusque et courte incursion d’air froid en juin ; il neige à Marlenheim le 12 juin et il paraît que les enfants ont pu faire de la luge ! Pour les vignerons de la ville, c'était une autre chanson, leurs espoirs sont anéantis ! Si les vendanges de Marlenheim sont désastreuses, il n'en est pas de même ailleurs, notamment dans le sud de l'Alsace où les vendanges sont même précoces et de bonne qualité car l'été a été beau et chaud. Novembre 1572 est par contre très froid et l'hiver 1573 est aussi rude que les précédents au moins jusqu'à la mi-janvier avec les rivières qui sont gelées. L'été 1573 n'est malheureusement pas aussi beau que ceux des années passées et une véritable crise du blé secoue l'Alsace : Strasbourg est obligé, à son tour, d'importer des céréales à partir du mois d'octobre à cause de la disette qui sévit. De plus, une nouvelle épidémie de peste frappe la ville. En novembre 1573 c'est le scénario des années précédentes avec l'arrivée précoce du froid qui s'intensifie début janvier 1574; le printemps et l'été de cette année sont chauds, ce qui favorise moissons et récoltes; les vendanges sont précoces. Mais la peste est toujours présente et apparaît à la campagne : la petite ville d'Ingwiller est durement frappée par le fléau ainsi que par une épidémie de variole qui fait de nombreuses victimes.

En 1575 la peste ravage aussi la vallée de Munster alors que la rage refait son apparition dans toute la région. 1575 est une année chaude mais la sècheresse menace les moissons : une pénurie d'avoine concerne plus spécialement l'Alsace; par contre, les vendanges profitent du soleil et sont très, très belles !

En 1576 l'hiver est moins froid mais les gelées printanières font des dégâts importants en Alsace, notamment dans le vignoble. Strasbourg s'oblige à restreindre ses exportations de vin à cause de la pénurie alors que les vignes épargnées par le gel ont produit des vins de qualité ! Les récoltes ont également pâti des gelées tardives, elles sont vraiment mauvaises !

De 1580 à 1589 : période où prédominent des hivers froids et des étés chauds

Après des années de pénurie et de disettes la situation ne s'améliore guère. En 1580 une crue du Rhin ravage la plaine d'Alsace et le village de Hundsfelden est englouti à jamais dans les eaux tumultueuses du fleuve. Dès décembre il fait très froid et la neige tombe abondamment. L'année 1581 voit encore s'accentuer la pénurie avec une hausse importante des prix qui va durer jusqu'en 1586. Un vague de froid s'abat sur la région dès décembre 1581 et l'hiver 1582 va rester froid et bien neigeux. La peste continue ses ravages dans une population affaiblies par les restrictions alimentaires, notamment dans la Vallée de Munster et à Strasbourg.

En 1583, du 3 au 13 février, une intense vague de froid entrave toute activité en Alsace avec de grandes quantités de neige qui bloquent les accès des villes et villages; mais le printemps et l'été sont chauds avec des récoltes abondantes et de bonnes vendanges précoces. L'année 1584 suit le même schéma : l'hiver est froid, le 17 mars une formidable tempête de neige s'abat sur Strasbourg et la foudre frappe une cloche de la cathédrale dont le battant se retrouve soudé à la cloche sous l'effet de la chaleur.

Changement en 1585 avec, cette fois-ci, un hiver  doux avec très peu de neige mais c'est une année trop humide avec des moissons maigres et une nouvelle pénurie de blé; Strasbourg doit de nouveau acheter des céréales en dehors de nos frontières en s'adressant aux villes de Mayence et de Worms; la hausse des prix est à son comble !

Les mauvaises récoltes sont aussi le lot de l'année 1586 avec la recrudescence de l'épidémie de peste à Strasbourg, Cette peste fait des ravages en 1587 et Strasbourg déplore 6300 décès dus à la maladie; la ville prend de nouvelles ordonnances pour faire expulser les mendiants accusés d'introduire le fléau derrière ses remparts. L'hiver 1587 est froid et neigeux mais l'été qui suit est bon, avec des récoltes correctes; la hausse des prix reprend tout de même en grande partie à cause des faits de guerre et des pillages commis par les mercenaires.

L'année 1588 est marquée par de grandes crues du Rhin qui font des dégâts considérables en plaine d'Alsace, notamment à Gambsheim et à La Wantzenau très touchés par la montée des eaux. Dès 1589 commence une véritable chasse aux sorcières que l'on rend responsables des malheurs qui s'abattent sur la région : famine, épidémies et guerre : des exécutions ont lieu principalement dans le Haut-Rhin à St Amarin, Soultz, Altkirch et Hagenbach. Le 27 décembre de cette année-là une terrible vague de froid s'engouffre sur la région pour les festivités de fin d'année et va durer jusqu'au 8 janvier 1590 en provoquant par la suite une nouvelle crise d'approvisionnement avec, à la clef, une nouvelle famine.

De 1590 à 1600 : série de printemps et d'été frais pour la décennie la plus froide du siècle.

1590 commence donc plutôt mal par un hiver au froid intense qui fait beaucoup de dégâts dans les champs et les vignes; l'été sera pourtant beau et chaud et les vendanges se feront précocement; les moissons et les récoltes, par contre, ne sont pas à la hauteur des espérances. L'année marque le début d'une décennie de famine et aussi le début d'une nouvelle flambée de la rage avec des loups qui s'en prennent  souvent aux hommes. 1590 marque aussi le début d'une très nette avancée des glaciers alpins, phénomène qui ne va s'inverser que vers 1850 !

De 1590 à 1600 environ débute une période d'années à printemps et été frais et pluvieux; ainsi, après l'hiver 1591 rude et long qui a connu les cours d'eau complètement gelés, la situation alimentaire en déficit va de nouveau s'aggraver; cette tendance va  s'accentuer encore dès 1592 avec une pluviosité accrue.

Heureusement l'année 1593 est une bonne année agricole avec de riches moissons mais les campagnols pullulent  et menacent les bonnes récoltes; les vendanges donnent par contre de mauvais vins et cela va durer jusque vers 1602 ! Si vous trouvez du vin des ces années-ci, ne perdez pas votre temps, ils doivent être imbuvables !

En 1594 l'année est fraîche et pluvieuse avec des moissons et des récoltes désastreuses ; celles-ci vont se succéder jusque vers 1597; la famine  est quasi générale ! De plus, l'hiver 1595 est long et rude, les rivières sont figées dans la glace jusqu'à la mi-janvier; le 13 avril le froid fait un nouvelle apparition et compromet moissons, récoltes et vendanges. Strasbourg prend de nouvelles mesures d'expulsion des mendiants que la ville ne peut plus nourrir et soigner ! Leur misère est extrême, beaucoup meurent le long des routes ! La hausse des prix arrive cependant à se stabiliser et ceci, jusque vers 1610.

L'année 1596 ne marque aucune amélioration, les crues de décembre rajoutent encore leurs lots de désolation ! En mars 1597 il y a encore 50 cm de neige en plaine d'Alsace à la fin d'un hiver long et froid. Janvier 1598 est également rude et la famine persiste; à noter que la ville de Strasbourg déplore une baisse sensible de la natalité et encourage les familles à procréer alors que celles-ci ont déjà tant de mal à nourrir leur progéniture. En 1598 la foudre frappe et détruit en partie la château de Hugstein, possession de l'abbaye de Murbach dans le Ht Rhin .

En 1599 la période pluvieuse est à son maximum; les cumuls de pluie sont si importants tout le long de l'année que les récoltes pourrissent sur pied ! Dès novembre le froid prépare un nouvel hiver rude et long qui s'éternisera jusqu'en mars 1600.

 


  par beck
 
    4]


par beck